Monday, February 28, 2005

I si Bush té raó ?

Guy Sorman: Et si Bush avait raison ?
Le Figaro, 26/02/2005.

Le gouvernement américain a peut-être gagné la guerre en Irak. En tout cas, il ne l’a pas perdue ; les images des électrices irakiennes le 30 janvier dernier — brandissant le V de la victoire, les doigts maculés d’encre violette, au sortir des urnes — auront, dans l’opinion américaine, justifié les épreuves et comme effacé la mémoire des victimes. Il est étonnant que plus de mille soldats américains tués en Irak n’aient pas soulevé là-bas une émotion particulière, et les raisons qui furent initialement invoquées pour intervenir — les armes de destruction massive — sont à peu près oubliées : la guerre apparaît rétrospectivement comme juste — une guerre à la fois contre le terrorisme et pour la démocratie. On rappellera en particulier, parce que c’est rarement signalé en Europe, que plus de trois cent mille cadavres, exécutés du temps de Saddam Hussein, ont été exhumés de charniers découverts par l’armée américaine. Même l’opposition démocrate à George W. Bush est à peu près ralliée à l’intervention armée, à commencer par la prochaine candidate, Hillary Clinton. La paix soudain possible entre Israéliens et Palestiniens renforce aussi l’analyse de Bush et du clan conservateur qui, depuis quatre ans, subordonnaient toute négociation à une démocratisation préalable du camp palestinien ; la mort d’Arafat aidant, le nouveau président palestinien semble avoir été élu dans des circonstances plus démocratiques que tous les leaders du monde arabe.

Toujours au bénéfice de George W. Bush, les élections en Afghanistan ont légitimé Hamid Karzaï, qui fut initialement désigné de manière arbitraire. En Arabie saoudite, la monarchie a organisé des élections municipales, prélude aussi à une consultation démocratique plus vaste ; les émirats du golfe Persique s’ouvrent aux débats politiques et le Qatar convoque pour la fin mars une conférence sur la démocratie et le libre-échange. Le souverain de Jordanie a déclaré qu’il était impossible de gouverner le monde arabe de manière despotique et, en Egypte, fait sans précédent, des candidats se dressent contre Hosni Moubarak.

Le vaste dessein des conservateurs — celui de redessiner la carte du Proche-Orient comme préalable à la paix, au développement économique et à l’éradication du terrorisme — paraissait, quand il fut énoncé, une forme de délire idéologique ; à ce jour, il est presque réaliste.

Les Européens, les Français et les Allemands particulièrement, en sont quelque peu embarrassés ; n’avaient-ils pas promis, gouvernants et médias réunis, que la rue arabe se soulèverait, que l’islam s’embraserait, que l’armée américaine s’enliserait, que les attentats terroristes se multiplieraient, et que la démocratie ne décrétait ni ne s’exportait ? Ces drames ne se sont pas produits ; soit Bush a de la chance, soit il est trop tôt pour en juger, soit son analyse n’était pas fausse.

Il semble acquis, en tout cas, que les principes de la démocratie libérale sont parfaitement compris dans le monde arabe ; les Européens, trop sceptiques, avaient sous-estimé le désir de liberté de ces nations. Avant les dictatures militaires installées dans les années 50, bien des nations arabes avaient expérimenté des Parlements élus, une presse libre, des universités ouvertes. L’intervention américaine aura permis de renouer avec cette tradition libérale tandis que les dictateurs, comme les islamistes radicaux, sont marginalisés.

Le temps d’un premier bilan, provisoire, est donc arrivé des deux côtés de l’Atlantique. Chez Bush et les conservateurs, les élections en Irak ont confirmé une confiance satisfaite en leur idéologie : ils continueront donc à exporter la démocratie et ils n’excluront aucune option pour y parvenir. L’intervention militaire est l’une de ces options, l’armée américaine ayant démontré sa supériorité absolue et sa capacité d’absorber des pertes humaines. Les dirigeants américains se perçoivent donc de plus en plus comme une force révolutionnaire, contre le despotisme oriental et contre les forces du statu quo européennes.

En face, les Européens restent divisés et désorientés. Les Britanniques, l’Europe du Nord (Danemark, Pays-Bas) et de l’Est (Pologne, République tchèque, Slovaquie) partagent à peu près l’idéologie démocratique américaine, mais ni les Français, ni les Allemands, ni les Belges ne s’y résolvent. La France, la Belgique et l’Allemagne apparaissent comme immobiles, satisfaites de la carte du monde telle qu’elle existe, disposées à s’accommoder des tyrannies chinoise, russe, nord-coréennes ou iranienne ; les élites politiques et économiques de ces nations estiment que le commerce et la diplomatie valent mieux que l’écriture de l’histoire et l’exportation de la démocratie.

Seul le Liban, dans la diplomatie française, fait exception au principe de statu quo. Parce que la Syrie n’est pas dangereuse ? Mais ce n’est pas le gouvernement français qui a provoqué la révolte des Libanais ; comme l’a déclaré Walid Joumblatt, le leader historique des Druzes, jusque-là notoirement antiaméricain : «Le soulèvement contre l’occupation syrienne a été rendu possible par l’invasion américaine de l’Irak.» Au total, l’absence d’une vision globale dans le camp franco-allemand ne constitue pas un projet dynamique qui puisse rivaliser avec celui des Américains.

Si George W. Bush et les conservateurs américains feignent d’hésiter entre les deux options, la diplomatie ou la guerre, n’y croyons pas trop : l’hésitation sera de courte durée. À moins que les Européens n’obtiennent un dégel de l’Iran, de la Russie et de ses satellites comme la Biélorussie ou de la Corée du Nord dans les tout prochains mois, le gouvernement américain engagera une deuxième vague de démocratisation. Les conservateurs à Washington sont persuadés que les peuples opprimés souhaitent cette deuxième vague et probablement, s’ils pouvaient voter, les Egyptiens n’éliraient plus Moubarak, les Tunisiens se débarrasseraient de Ben Ali, les Chinois du Parti communiste et les Iraniens des ayatollahs. Poutine, en Russie, résisterait-il à une presse libre ? Ce n’est pas certain. En France, foyer historique des droits de l’homme, on ne peut oublier complètement ce désir de dignité dans toutes les nations.

Wednesday, February 16, 2005

Adler.— Pourquoi a-t-on tué Rafic Hariri ?

Alexandre Adler: Pourquoi a-t-on tué Rafic Hariri ?
Le Figaro, 16/02/2005.

Dans l’Union soviétique stalinienne, selon la savoureuse formule d’Annie Kriegel, les grands procès remplaçaient avantageusement les congrès. C’était là, au banc des accusés, que l’on pouvait comprendre à demi-mots les politiques que Staline avait combattues et la ligne stratégique qu’il faisait adopter. Il suffisait ainsi d’interpréter correctement le procès des maréchaux autour de Toukhatchevski pour appréhender le début de l’infléchissement de Moscou vers l’Allemagne hitlérienne, deux années et demie avant le faux coup de tonnerre du pacte germano-soviétique.

Chez les Syriens, adeptes nostalgiques mais plus frustes encore des méthodes staliniennes, le procès aura été remplacé par le meurtre pur et simple, ce meurtre dont Montesquieu nous disait qu’il était le principe régulateur des despotismes. L’assassinat de Kamal Joumblatt, quelques mois après le premier armistice survenu dans la guerre civile libanaise, manifestait l’abandon définitif par Damas de son alliance avec les Palestiniens et le début du dialogue stratégique avec les Etats-Unis. L’assassinat de Bachir Gemayel, en 1982, exprimait, cette fois-ci, le tournant de gauche d’un Etat syrien désormais allié étroitement au chiisme iranien du Hezbollah et capable de mettre en échec Israël, les Etats-Unis et la France. Les assassinats groupés de Dany Chamoun et de quelques autres astres moins brillants de la constellation chrétienne en 1991, rappelaient que la Syrie était désormais en mesure d’administrer directement le Liban, notamment chrétien, avec l’assentiment des Etats-Unis. Que signifie donc l’assassinat spectaculaire de Rafic Hariri dans cette logique de meurtre sémiologique si distinctif du pouvoir syrien dans son exercice normal ?

La Syrie traverse une fois de plus une phase extrêmement tendue et difficile de sa brève existence d’Etat : le pays est en effet une caricature de ces montages minoritaires dont le Baas s’est montré friand. La Syrie est l’expression parfaite d’une construction artificielle où 12% de la population, la secte syncrétiste des alaouites — mélange de chiisme hétérodoxe, de cryptochristianisme johannique et de rémanences zoroastriennes — contrôle à elle seule cent pour cent du pouvoir militaire et exerce un ascendant indiscuté sur le pouvoir politique. Cette construction est devenue proprement intenable avec l’effondrement du système Saddam en Irak. Comme Hafez el-Assad était un politique habile et modéré dans ses intentions stratégiques, sinon dans ses méthodes, les alaouites n’ont tout de même pas créé en Syrie un système despotique comparable à celui de l’Irak.

La Syrie pourra donc être préservée d’une explosion, pour peu que les alaouites commencent à faire place de plus en plus à la communauté majoritaire du pays, les sunnites. Tous les détenteurs du pouvoir syrien sont d’accord sur cet objectif, mais ils se divisent radicalement sur la suite. Pour simplifier, les uns sont tentés par une fuite en avant militaire et terroriste, où la population sunnite, attirée par l’islamisme radical, se retrouvera dans un front uni nationaliste et anti-américain avec le pouvoir. Déjà fort engagés dans une réconciliation totale avec le Baas de Saddam Hussein au début de 2003, les nationalistes avaient aussi de longue main négocié une amnistie générale pour la direction des Frères musulmans réfugiés en Allemagne depuis des années. Ce sont ces mêmes hommes — parmi lesquels figurent en bonne place les vieux associés sunnites d’Assad père : Farouk Chareh, le ministre des Affaires étrangères, et Abdel-Halim Khaddam, le vice-président de la République —, qui ont jeté toute leur énergie dans le soutien à l’insurrection irakienne, fournissant notamment à al-Zarqaoui et à une branche très prosaoudienne d’al-Qaida, le gîte et le couvert.

L’autre tendance, représentée par une génération plus jeune, souhaitait, au contraire, prendre acte du changement intervenu, retrouver une forme de dialogue avec les Etats-Unis et même coopérer ponctuellement avec ceux-ci dans la traque d’Oussama ben Laden. Bachar al-Assad, moderniste hésitant mais sincère, nostalgique de ses études londoniennes et ami par intermittence du roi de Jordanie Abdallah, soutenait la seconde option.

Or, ce conflit des Anciens et des Modernes est formidablement compliqué par les questions libanaises. Car les Anciens et les Modernes, à Damas, se retrouvent tout de même sur un rejet absolu de tout retrait du Liban, tant la société syrienne ne survit aujourd’hui que par la véritable perfusion opérée par l’économie libanaise, dans tous ses segments, depuis les mandats des ouvriers syriens immigrés sur les chantiers de Beyrouth, jusqu’au butin raflé par les généraux de l’armée d’occupation. A l’inverse, les partisans de l’indépendance libanaise n’ont cessé de s’enhardir à mesure que le rapprochement franco-américain en cours faisait peser sur la Syrie une pression de plus en plus insupportable. Les élections législatives libanaises prévues pour le printemps prochain signifieront, après les élections palestiniennes et irakiennes, l’expression d’un pouvoir populaire très largement acquis au retour à l’indépendance et reposant, au plus haut niveau, sur la réconciliation des deux grands adversaires de la guerre civile des années 70-80 : les chrétiens groupés autour du patriarche maronite, le cardinal Sfeir, et les Druzes de Walid Joumblatt.

Le ralliement du premier ministre sunnite Rafic Hariri, après que ce dernier a claqué la porte du gouvernement pour protester contre l’obstination syrienne, achevait le processus d’encerclement de Damas. Il fallait en sortir. Mais pourquoi ce meurtre si spectaculaire ?

Dans l’état actuel des choses, il est peu probable que les diverses communautés libanaises vont se trouver impressionnées au point de renoncer à leur démonstration de force électorale, ni que les Etats-Unis et la France reculeront devant cette manifestation de résolution de Damas. Il ne nous reste donc qu’une explication légèrement plus complexe, qui nous renvoie au bras de fer actuel au sein du pouvoir baasiste-alaouite de Damas : en précipitant la crise, l’aile dure du régime a choisi la voie de l’affrontement et de l’alignement sur le radicalisme sunnite. L’Iran est de plus en plus méfiant à l’égard de son allié syrien, et le chef du Hezbollah libanais lui-même, Hassan Nasrallah, avait commencé, sous les ordres de Téhéran, un début de dialogue avec Rafic Hariri et Walid Joumblatt pour se rallier à l’indépendance du Liban.

Nous en arrivons ainsi à la conclusion provisoire que le terrible meurtre de Rafic Hariri vise prioritairement Bachar al-Assad et le réduit modéré occidentaliste à Damas ; il annonce la grande rupture stratégique de vieux alliés de vingt ans, la Syrie et l’Iran, dont l’un ne peut se résigner au basculement chiite de l’Etat irakien, et l’autre ne peut faire autrement que de le soutenir, parfois pour des raisons plus émotionnelles que stratégiques.

Tuesday, February 15, 2005

Ben Ami.— «Le sionisme est pluriel et démocratique»

Un entretien avec l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères sur l’intelligentsia européenne et le mouvement national juif.

L’historien et ancien ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben Ami a participé, à la fin du mois dernier, à une discussion qui s’est tenue à la Royal Geographical Society de Londres sur le thème : «Le sionisme est-il aujourd’hui l’ennemi principal des Juifs ?», en présence d’autres intellectuels comme Avi Shlaim, Rafy Israëli et Amira Haas. Il poursuit dans Le Figaro ce débat entamé outre-Manche.

Propos recueillis par Alexis Lacroix.
Le Figaro, 14/02/2005.

LE FIGARO.— Vous avez participé récemment à un débat sur le thème : «Le sionisme est-il aujourd’hui l’ennemi principal des Juifs ?» Après cinquante mois d’intifada, Israël peut-il échapper à la «délégitimation» morale qui le frappe ?

Shlomo BEN AMI.— Je me réjouis que Mahmoud Abbas, le nouveau leader palestinien, ait rompu avec l’attitude compulsive de son prédécesseur, qui n’a jamais cessé de surfer sur la vague du martyre et de la mort. Ce courage et cette lucidité donnent toutes leurs chances à la reprise d’un processus politique entre Israël et les Palestiniens. Israël est confronté depuis quelques années à une crise morale et politique qui est circonstancielle et non pas inscrite dans son code génétique. Notre Etat traverse une phase de son histoire qui ressemble, par bien des aspects, à celle qui a touché les nations occidentales à l’âge moderne. Sa situation est dominée par le conflit de deux nationalismes concurrents. Ce conflit est soluble au travers d’un compromis reposant sur notre séparation territoriale et politique d’avec les Palestiniens. Aussi Hubert Védrine n’a-t-il pas tort de nous exhorter à la réconciliation avec les Palestiniens, en nous inspirant de l’exemple des Français et des Allemands. J’ajouterais cependant pour ma part qu’entre nous et les Palestiniens, la paix devrait d’ailleurs exiger bien moins de temps — et de sang — qu’entre ces derniers.

Un climat nouveau semble s’annoncer. Est-il dû à la détermination des Européens d’accompagner, aux côtés des Américains, la reprise du dialogue israélo-palestinien ?

Le simple fait que des élections démocratiques et transparentes aient pu se dérouler dans les Territoires palestiniens constitue à soi seul un signe extrêmement encourageant. Mais ce qui m’inquiète et m’afflige, alors même que l’Union européenne réclame de jouer un rôle politique au Proche-Orient, c’est la fascinante incompréhension dont certains secteurs de l’intelligentsia européenne continuent de faire montre à l’égard du sionisme.

Dans ces franges de l’opinion, on n’assisterait donc plus seulement, à vous entendre, à la réprobation d’Israël...

J’ai le sentiment que l’ensemble de l’aventure sioniste est en butte à une diabolisation acharnée. L’argument selon lequel, «aujourd’hui», comme le suggère le titre de nos rencontres londoniennes, le sionisme serait une menace pour les Juifs eux-mêmes est un prétexte commode pour dénier à l’Etat d’Israël sa légitimité. De nombreux secteurs de l’opinion européenne restent persuadés que la paix ne sera possible entre Israéliens et Palestiniens que dans le cadre d’un Etat unique, binational et multiconfessionnel. Et ils font valoir que la religion ne saurait fournir un fondement approprié à une existence étatique. Comme si les Etats européens n’étaient pas historiquement des républiques chrétiennes ! Comme si les Etats arabes qui entourent Israël étaient des parangons de diversité religieuse ! Je serai bien le dernier à dénoncer comme un antisémitisme caractérisé la moindre critique formulée à l’encontre de l’Etat d’Israël. Reste qu’un processus mental particulièrement pervers est à l’oeuvre. Il consiste à ériger une politique contestable en prétexte à la délégitimation d’un Etat et à la flétrissure des principes qui le fondent. La satanisation d’Israël a passé les bornes de la simple critique politique légitime pour dégénérer en atteinte du droit des Juifs à l’autodétermination.

Atteinte du droit des Juifs à l’autodétermination... Que voulez-vous dire ?

L’approche selon laquelle Israël est un Etat à l’essai, dont il est autorisé de contester la raison d’être, revient à dénier aux Juifs le droit de vivre comme membres égaux de la famille des nations. Une telle dérive n’a pas commencé avec l’intifada dite d’al-Aqsa. Dès le début des années 50, l’historien britannique Arnold Toynbee avait déjà commencé à nous comparer aux nazis. La tentative de nazifier le sionisme — qui est une manière commode de banaliser la Shoah — remonte aux premières années de l’existence d’Israël.

Selon nombre de ses défenseurs, le sionisme a échoué sur un point : assurer la sécurité des Juifs...

Ils se trompent. Historiquement, le sionisme a été une réponse à deux menaces majeures : la menace d’une destruction physique des Juifs et celle d’une dilution de leur identité culturelle et religieuse. L’Etat d’Israël vint trop tard pour empêcher l’anéantissement physique du judaïsme européen. En revanche, il a arrêté le processus de dilution identitaire entamé avec l’Emancipation. Jamais les communautés juives occidentales n’ont bénéficié d’autant de sécurité et de prospérité que depuis la création de l’Etat d’Israël. Et ceux des Juifs qui, dans les pays arabes par exemple, n’avaient aucune chance d’accéder à un niveau de vie décent, ont pu jouir en Israël d’une existence souveraine. Leur expliquer maintenant que le sionisme est une menace pour eux est une plaisanterie macabre.

Le philosophe Gershom Scholem a qualifié le sionisme de «retour utopique des Juifs à leur propre histoire». Faites-vous vôtre cette définition ?

Le sionisme n’est pas un dogme religieux car il a toujours eu la forme d’un mouvement large, pluriel et démocratique. Aujourd’hui, l’ensemble des sondages d’opinion réalisés en Israël révèle qu’une très large majorité d’Israéliens admet que la phase territoriale du sionisme est close. Bien que les Palestiniens aient rejeté l’Etat qui leur était offert par trois fois — en 1937, en 1947 et en décembre 2000 —, leur droit à l’autodétermination est tenu pour inaliénable par l’écrasante majorité de mes compatriotes. Même le premier ministre Ariel Sharon s’est adressé en ces termes aux colons : «Vous avez développé dans vos rangs un dangereux esprit messianique. Et mon expérience m’a révélé que l’épée ne peut seule apporter la solution», avant d’ajouter : «Nous ne voulons pas dominer des millions de Palestiniens». Au long de l’histoire du mouvement national juif, les «anticorps» éthiques de l’idéologie sioniste n’ont d’ailleurs jamais été pris en défaut.

Parce que Israël est une démocratie ?

Comme l’a expliqué Yitzhak Zamir, qui fut juge à la Cour suprême israélienne, Israël est la seule nation du monde dans laquelle les cours de justice civiles peuvent largement statuer sur les actions militaires. Pour preuve, l’intervention de la Cour suprême israélienne, qui a contraint le gouvernement à modifier le tracé de la barrière de sécurité en Cisjordanie. Les organisations des droits de l’homme offrent, avec les éditorialistes indépendants qui éclairent la tragédie palestinienne, des repères à une nation aspirant à concilier les exigences de la sécurité et le respect des valeurs morales. J’ai été renforcé dans ma foi dans l’idée sioniste par l’évidente défaite politique et morale du mouvement des colons, dans la bande de Gaza et au-delà.

A vous entendre, l’Europe démocratique donnerait libre cours à ses «penchants criminels». N’est-ce pas exagéré ?

En 1975, à une époque où il n’existait aucune implantation et où l’OLP n’assumait pas la solution de deux Etats, une résolution assimilant le sionisme au racisme a pu être adoptée à l’ONU sans provoquer un tremblement de terre en Europe. Trente ans seulement après l’Extermination, cette apathie européenne en disait plus long sur l’inaptitude des Européens à résoudre leur complexe juif que sur Israël. En 2002, la bataille de Jénine, avec ses 75 victimes — parmi lesquelles 23 réservistes israéliens — a été transmuée en métaphore de Stalingrad. Dans la bouche de José Saramago, elle devint même l’équivalent d’Auschwitz... Face à ce type de bacchanales sémantiques, il faudrait se demander si la propension à appliquer aux actions des Israéliens des analogies avec la Shoah n’est pas une tentative de se défaire d’un sentiment de culpabilité touchant à la «question juive».

Pouvez-vous préciser ?

L’Europe a traversé d’interminables guerres de religion, est passée par deux guerres mondiales et a perpétré un génocide majeur avant de résoudre ses antagonismes nationaux endémiques. Autant de raisons de se montrer perplexe face au doigt accusateur qu’elle pointe aujourd’hui sur nous, Israéliens, comme si elle avait tout oublié de l’amère signification des guerres nationales. Une des sources du malentendu entre l’Europe et Israël tient à leur rapport divergent à l’histoire. Nous vivons à l’heure du «post-national», et ce qui était jadis considéré comme un conflit national est interprété à la lumière de la culture des ONG et de la nouvelle religion de l’âge post-historique : celle des droits de l’homme. Les Juifs, par la faute de l’Etat d’Israël, semblent enlisés dans l’historicité alors même que l’Europe s’est joyeusement délestée de sa propre histoire et de la politique de puissance. Ce contexte inédit constitue un défi immense pour Israël et pour la légitimité du mouvement national juif. Les Juifs n’ont pas survécu aux horreurs de l’Extermination pour se retrancher derrière une muraille de convictions qu’ils opposeraient au reste du monde. Yitzhak Rabin à Oslo, puis le gouvernement que j’ai servi, lors des négociations de Camp David et de Taba, ont été animés par le souci d’imaginer une solution politique à notre conflit avec les Palestiniens. Il faut rendre l’existence nationale juive légitime aux yeux de ceux qui s’en considèrent les victimes. La légitimité qui importe vraiment pour un peuple, c’est celle que lui reconnaissent ceux qui déclarent être ses victimes.

Tuesday, February 08, 2005

Murawiec.— Bush II

Laurent Murawiec: Quelle nouvelle donne pour Bush II ?
Le Figaro, 07/02/2005.

Après son discours sur l’état de l’Union, après les élections qui ont vu son triomphe et celui de son parti pour les deux chambres du Congrès et les nominations qui retouchent les contours et les démarches de son administration, George W. Bush nous a désormais livré les clés de son second mandat. Quelles portes ouvrent-elles, en matière de politique internationale ? Les élections afghanes réussies, les élections irakiennes parachevées, l’Autorité palestinienne nettoyée du gangster qui la dirigeait, l’arc de crise arabo-islamique semble offrir une conjoncture plutôt favorable au pensionnaire reconduit de la Maison-Blanche, dûment mandaté, cette fois, par l’électorat.

Le thème central, le pivot de l’action que mènera Bush, c’est de «mettre fin à la tyrannie», de «promouvoir la liberté et la démocratie». Les sévères avertissements lancés depuis le Capitole à l’Iran des ayatollahs et à la Syrie de la dynastie des Assad en témoignent, de même que les recommandations appuyées faites à l’«allié» saoudien et à l’«ami» égyptien. Téhéran, Damas et Riyad sont, activement ou passivement, les principaux pourvoyeurs d’hommes et de moyens à l’insurrection irakienne.

Après l’éclatante victoire des élections afghanes est venu l’exemplaire scrutin irakien. Les professionnels et les experts le serinaient depuis un an : le transfert de souveraineté ne marchera pas ; les élections n’auront pas lieu ; les Irakiens s’abstiendront... On l’a déjà noté, l’électorat irakien — citoyens et non sujets d’un despote ou d’un dictateur — a défié la terreur islamo-baasiste. Une légitimité est sortie des urnes. Ecartée du pouvoir depuis 80 ans, la communauté chiite — qui n’est ni monolithique ni inféodée à l’Iran — a pris une option, non sur «le» pouvoir mais sur une partie significative du pouvoir. Les chiites, à commencer par l’ayatollah Sistani, savent qu’ils sont la cible numéro un du terrorisme. Ils ont également besoin des forces américaines, tout comme les Kurdes, trop familiers de la terreur arabo-sunnite depuis des décennies.

Ah ! ce n’est pas la Suisse. L’insurrection n’est pas terminée. Le sang continue de couler. Mais la tournure que prend le jeu montre à quel point il en valait la chandelle. Il n’y a que les benêts pour s’offusquer des laideurs qui entachent la proto-démocratie irakienne. Et les despotes sunnites qui ne peuvent décidément pas avaler d’élection libre, même chez les autres, surtout chez des Arabes, et avec une majorité chiite en surplus. D’où les raisins verts que l’on avale par barriques au Caire, à Amman, à Riyad, à Damas et autres lieux. C’est que Bush tient parole.

Revenons en arrière : le 11 novembre, le président Bush rencontre l’ancien «refuznik» héros de la lutte pour les droits de l’homme dans l’ancienne URSS, Natan Sharansky, lequel plaide inlassablement : on ne peut faire de paix durable avec les tyrans, mais avec des démocrates. Bush ce jour-là bouscule le protocole, retient longuement son invité, inclut son chef d’état-major Andrew Card, Stephen Hadley, qui va devenir conseiller à la sécurité nationale, et quelques autres. Bush a lu l’ouvrage de son hôte, The Case for Democracy, et l’a fait lire à Condoleezza Rice. Lues à la lumière de l’événement, les orientations définies depuis par le président des Etats-Unis sont évidentes : Bush a repris non seulement la formulation, mais la substance des options que défend Sharansky.

La destination fixée, quels en sont les moyens ? Au premier chef, il s’agit de l’équipe chargée de la mise en oeuvre. Première constatation : le binôme Powell-Armitage qui avait lancé le département d’Etat à l’assaut de la doctrine Bush et de sa politique moyen-orientale (prônant une ligne quasi semblable à celle de Kerry, de Joschka Fischer ou de Chirac), a dû quitter les affaires. Privé de ces «mammouths», les «arabistes» prosunnites et pro-statu quo qui dominent le département d’Etat s’efforceront certes de «capturer» Condoleezza Rice, mais se heurteront à la loyauté sans faille qui la lie au président.

Les conservateurs (néo ou pas, la distinction n’a plus grande importance) sont plutôt satisfaits de la stabilité qui prévaut au département de la Défense. Donald Rumsfeld, moins puissant que naguère, et son adjoint, Paul Wolfowitz, restent en place. Il est probable que le secrétaire quitte son job après avoir mené à bien des réformes et réorganisations importantes des forces armées. Les républicains sont par contre moins satisfaits pour l’heure de l’absence de grand «job» pour John Bolton, qui a férocement bataillé depuis quatre ans pour les thèses présidentielles. On l’attendait en numéro deux du département d’Etat, c’est Phil Zoellick, bureaucrate centriste, qui a reçu la mise. Un certain nombre de conservateurs sont néanmoins aller remplir des «desks» cruciaux, au NSC (National Security Council) et ailleurs.

En nommant un fidèle, Porter Goss, à la tête de la CIA, George W. Bush a repris en main l’agence de renseignement, qui s’était davantage signalée par la guérilla qu’elle menait contre le président que par ses succès dans la lutte contre le terrorisme. On peut douter que la centrale, diplodocus narcissique et vaniteux, soit réformable, mais en tout cas, elle ne passera plus son temps à contrecarrer la politique présidentielle. Le Department of Homeland Security, vaste confédération de bureaucraties à peine cousues ensemble, lui, a hérité d’un chef énergique, le juriste Michael Chertoff, dont la poigne a fait souffrir tant chefs mafieux que terroristes islamiques.

Où ira cette administration ? Avec le départ de Powell et l’affaiblissement relatif de Rumsfeld, le seul «poids lourd» restant est le vice-président Dick Cheney, faucon de son état, qui pèsera plus que jamais dans les décisions et dans la préparation des décisions. Mme Rice n’est ni une visionnaire ni une «conceptuelle» comme un Kissinger, mais une «gérante». Son patron, lui, a pleinement repris le flambeau reaganien, l’appliquant à la grande menace d’aujourd’hui.

Pour autant, Bush II sera-t-il d’une simplicité rectiligne ? La chose est improbable. Les pesanteurs héritées des politiques, des doctrines, des structures et des hommes du passé ne s’épuisent pas instantanément. La première Administration Bush aura marché «en crabe» vers des objectifs qui sont allés se précisant. La deuxième aura sans doute une démarche non moins zigzagante. Mais tout gouvernement américain est une coalition : les hétérogénéités en sont la rançon. Les chantiers de Bush II sont ouverts.


Laurent Murawiec: Directeur de recherche à l’Hudson Institute (Washington).

Thursday, February 03, 2005

Iran atòmic

Atmane Tazaghart et Roland Jacquard: Nucléaire : nos révélations
Le Figaro magazine, 29/01/2005.

Atmane Tazaghart et Roland Jacquard, journalistes et écrivains, spécialistes du Moyen-Orient, enquêtent depuis deux ans sur le programme nucléaire développé par Téhéran. Leurs informations sont issues de nombreux rapports confidentiels émanant de l’AIEA, de sources diplomatiques européennes et moyen-orientales, de cabinets d’expertise privés et de documents établis par des opposants iraniens.

Depuis février 2003, l’Iran donne l’impression de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en divulguant une partie de sa politique de développement nucléaire. Mais pour de nombreux spécialistes, cette apparente collaboration avec la communauté internationale ne serait en réalité qu’une stratégie destinée à dissimuler l’existence d’un autre programme ultrasecret.

Au coeur du nucléaire iranien, la centrale de Buchehr, sur le golfe Persique. Son existence a été révélée au début de l’année 2003 et elle a été presque aussitôt inspectée par l’AIEA, dont les agents ont été facilement accueillis par les autorités iraniennes.

Seulement : voilà, cette centrale qui attire l’attention des inspecteurs internationaux ne serait qu’une façade derrière laquelle se dissimulent d’autres sites dont les installations échappent aux enquêtes de l’AIEA.

«Les Iraniens —explique un expert— ont compris la leçon du raid israélien contre la centrale de Tammouz, en Irak, en 1981. Ils savent que leurs installations risquent elles aussi une “frappe chirurgicale”, et c’est la raison pour laquelle ils exhibent une “centrale officielle” qui concentre toutes les attentions. Mais c’est ailleurs que se développe leur véritable programme nucléaire.»

D’après notre enquête, ce programme repose essentiellement sur trois sites principaux :
— l’uranium est extrait d’une mine située à Saghand ;
— il est ensuite enrichi dans une autre installation ultrasecrète basée à Natanz ;
— l’«eau lourde» indispensable à l’enrichissement de l’uranium est produite à Arak (voir carte).


Le site de Natanz est camouflé sous l’apparence d’un projet de lutte contre le désert. Il est bâti sur un terrain de 11 000 hectares, et c’est un ingénieur à la réputation scientifique bien établie qui le dirige.

La mine d’extraction d’uranium est située à 40 kilomètres de la ville de Saghand, à mi-chemin entre les localités de Yezd et de Chador Mello. A gauche de la route reliant ces deux localités, un panneau indique d’ailleurs :«Mine d’uranium de Saghand». Selon nos informations, elle est placée sous la responsabilité d’un cadre éminent de l’organisation iranienne de l’énergie atomique.

A Arak, le site de production de «l’eau lourde» répond à un nom de code : «Projet Khandab». Sa construction a commencé en 1996 et s’est achevée en avril 2003.

Par ailleurs, le régime iranien a construit d’autres laboratoires nucléaires et sites d’enrichissement de l’uranium appelés «sites périphériques». Il s’agit de s’assurer que si un ou plusieurs des «sites principaux» sont découverts, mis sous contrôle ou même détruits par un raid, le programme pourra se poursuivre.

Parmi ces installations dites périphériques, deux sites implantés sur de vastes propriétés agricoles dans la région de Hashtgerd (dans la banlieue de Karadj, à 4 kilomètres à l’ouest de Téhéran). L’un d’eux se trouve dans le village de Lashkar-Abad et l’autre dans le village de Ramandeh. Ils sont éloignés l’un de l’autre d’environ 5 kilomètres. Tous les deux seraient supervisés par le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne (OEAI) et opèrent sous couvert d’une compagnie civile servant de société-écran.

Le site de Lashkar-Abad est connu de la population locale sous le nom de «Verger présidentiel». Il fait 80 hectares de surface. La salle principale de ce site (50 x 30 mètres) est une copie miniaturisée du laboratoire de Natanz, qui possède 1 000 centrifugeuses, mais puisqu’elle est plus petite, elle compte deux fois moins de machines.

Le site de Ramandeh est construit sur un vaste terrain entouré d’un mur d’enceinte et des dizaines de gardes armés se relaient pour le protéger. A l’intérieur, plusieurs bâtiments d’apparence identique sont dispersés au milieu des vergers, de façon à rendre difficile la détection du bâtiment qui abrite le site nucléaire. Ces précautions laissent présager que Ramandeh est plus important que le site voisin de Lashkar-Abad. Il abriterait donc plus de 500 centrifugeuses.

Autant d’éléments qui expliquent peut-être les inquiétudes et les menaces de l’administration Bush envers l’Iran, ce «poste avancé de la tyrannie», selon Condoleezza Rice.

Tuesday, February 01, 2005

Podré parlar dels imams, oi?

Mohamed Alami (president de l’Associació d’Amics del Poble Marroquí): “Que la consellera Tura investigui què ensenyen els imams als nens”
(link permament?)

Enric Vila, Avui, 31/01/2005.

M.A. Podré parlar dels imams, oi?
E.V. I tant! Tiri, tiri.
M.A. És que no pot ser que aquests tios sense titulació, que s’autoqualifiquen d’imams, campin al seu aire.
E.V. Quin mal fan?
M.A. Moltíssim. Nosaltres hem demanat al govern que prohibeixi que donin classe als nens. Els imams són uns dels principals causants de l’estrepitós fracàs escolar dels nanos magribins. Abans que desembarquessin, fa uns deu anys, la gent s’integrava molt millor.
E.V. Què els ensenyen?
M.A. Això ho deixo a la consellera Tura. Que posi micros i escolti què ensenyen aquests senyors als nous catalans, ja veurà quina sorpresa.
E.V. Home, però em deixa el cuquet!
M.A. No. Jo no puc dir-ho perquè em foten una demanda i ja tinc prou problemes. Una de les dificultats de lluitar contra aquesta gent és que té molts diners.
E.V. No trobaríem la manera?
M.A. Només et diré que a nosaltres ens diuen infidels perquè tenim la seu en una parròquia!
E.V. I diu que no estan controlats.
M.A. Jo no conec cap imam que declari a Hisenda. Que els facin una inspecció fiscal i veuràs. Ningú no sap on van a parar els diners que reben dels fidels. I els ho preguntes i no t’ho diuen.
E.V. Com explica la influència que han guanyat?
M.A. Jo crec que els centres islàmics són un invent dels homes per frenar l’emancipació de la dona, un cop arriben a Europa. Així, si alguna es desvia la poden assenyalar: “Aquesta dona s’allunya del camí de Déu”. Això tu, desgraciat, que plegues de treballar i te’n vas a la mesquita a fer-la petar i menjar mandonguilles mentre la teva dona fa doble jornada.
E.V. Mandonguilles?
M.A. També hi prenen te. Els centres islàmics funcionen com un centre cívic.
E.V. I els nens hi fan classes extraescolars, no?
M.A. Sí, els envien a aprendre l’Alcorà quan el que necessiten és que els ajudin a fer els deures. I compte quin Islam els ensenyen, perquè els imams no només no estan titulats: tampoc es deixen examinar per teòlegs.
E.V. Són perillosos?
M.A. Home. Mira l’11-M. Hi ha més cèl·lules dorments de les que ens pensem. I la Tura va fent declaracions dient que no són perillosos.
E.V. Que no té bons assessors, la consellera?
M.A. Això li recomanaria jo, que es busqués bons assessors i no aquest flamant diputat que fins i tot el Saura ha dit que era un florero.
E.V. Mohammed Chaid, del PSC?
M.A. Que preguntin als marroquins què en pensen. A mi m’agradaria saber per què fa el besamans al rei del Marroc. Que la gent faci volar la imaginació.
E.V. ¿Al Marroc li interessa consolidar els centres islàmics a Espanya?
M.A. Prefereixo no respondre. Però a mi m’agradaria saber què busca el senyor Chaid donant peixet als imams.
E.V. Els dóna peixet?
M.A. Crec que és un dels fundadors del Centre Cultural Islàmic, que ara ha rebut una subvenció dels socialistes de 20.000 euros. Una associació que no té ni un sol teòleg, que ni tan sols pot ser inscrita al registre d’entitats religioses. Però, esclar, s’han d’ocupar posicions per quan es construeixi la gran mesquita, que seran molts quartos.
E.V. Potser a vostè li agradaria ser diputat del PSC.
M.A. Ja m’ho van oferir, i abans que al senyor Chaid. A mi i a d’altres. I tots vam dir que no pel mateix motiu: volíem un mínim d’independència.
E.V. El PSC volia un figurant?
M.A. Sí, però és igual: ningú no es pren seriosament el tema de la immigració. S’actua per a la galeria. Benestar Social dóna ajudes de manera descontrolada, no investiga si hi ha una verdadera necessitat, agafa treballadors per motius equivocats...
E.V. ¿!?
M.A. Ara mateix han agafat una marroquina que no val un duro en comptes d’una nena catalana que té la llicenciatura i que és un geni en temes d’immigració.
E.V. ¿!!!?
M.A. Et diuen que la marroquina s’acostarà millor a les dones. Mentida: davant una catalana, una dona magribina tindrà menys pudor de dir que s’ha prostituït, que el marit l’ha violat analment, etcètera.
E.V. Per acabar, els nens del carrer poden ser futurs suïcides?
M.A. No, aquests no passen per la mesquita. Aquests són futurs psicòpates. Jo et presentaria xavals de 20 anys amb una mirada que espanta. És lògic: abusen d’ells (n’he portat uns quants amb esquinçaments anals a l’hospital), truquen a la mare i només els diu “envia diners, envia diners”, roben per menjar, aprenen a apunyalar per protegir-se dels seus amics...