Iran atòmic
Atmane Tazaghart et Roland Jacquard: Nucléaire : nos révélations
Le Figaro magazine, 29/01/2005.
Atmane Tazaghart et Roland Jacquard, journalistes et écrivains, spécialistes du Moyen-Orient, enquêtent depuis deux ans sur le programme nucléaire développé par Téhéran. Leurs informations sont issues de nombreux rapports confidentiels émanant de l’AIEA, de sources diplomatiques européennes et moyen-orientales, de cabinets d’expertise privés et de documents établis par des opposants iraniens.
Depuis février 2003, l’Iran donne l’impression de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en divulguant une partie de sa politique de développement nucléaire. Mais pour de nombreux spécialistes, cette apparente collaboration avec la communauté internationale ne serait en réalité qu’une stratégie destinée à dissimuler l’existence d’un autre programme ultrasecret.
Au coeur du nucléaire iranien, la centrale de Buchehr, sur le golfe Persique. Son existence a été révélée au début de l’année 2003 et elle a été presque aussitôt inspectée par l’AIEA, dont les agents ont été facilement accueillis par les autorités iraniennes.
Seulement : voilà, cette centrale qui attire l’attention des inspecteurs internationaux ne serait qu’une façade derrière laquelle se dissimulent d’autres sites dont les installations échappent aux enquêtes de l’AIEA.
«Les Iraniens —explique un expert— ont compris la leçon du raid israélien contre la centrale de Tammouz, en Irak, en 1981. Ils savent que leurs installations risquent elles aussi une “frappe chirurgicale”, et c’est la raison pour laquelle ils exhibent une “centrale officielle” qui concentre toutes les attentions. Mais c’est ailleurs que se développe leur véritable programme nucléaire.»
D’après notre enquête, ce programme repose essentiellement sur trois sites principaux :
— l’uranium est extrait d’une mine située à Saghand ;
— il est ensuite enrichi dans une autre installation ultrasecrète basée à Natanz ;
— l’«eau lourde» indispensable à l’enrichissement de l’uranium est produite à Arak (voir carte).
Le site de Natanz est camouflé sous l’apparence d’un projet de lutte contre le désert. Il est bâti sur un terrain de 11 000 hectares, et c’est un ingénieur à la réputation scientifique bien établie qui le dirige.
La mine d’extraction d’uranium est située à 40 kilomètres de la ville de Saghand, à mi-chemin entre les localités de Yezd et de Chador Mello. A gauche de la route reliant ces deux localités, un panneau indique d’ailleurs :«Mine d’uranium de Saghand». Selon nos informations, elle est placée sous la responsabilité d’un cadre éminent de l’organisation iranienne de l’énergie atomique.
A Arak, le site de production de «l’eau lourde» répond à un nom de code : «Projet Khandab». Sa construction a commencé en 1996 et s’est achevée en avril 2003.
Par ailleurs, le régime iranien a construit d’autres laboratoires nucléaires et sites d’enrichissement de l’uranium appelés «sites périphériques». Il s’agit de s’assurer que si un ou plusieurs des «sites principaux» sont découverts, mis sous contrôle ou même détruits par un raid, le programme pourra se poursuivre.
Parmi ces installations dites périphériques, deux sites implantés sur de vastes propriétés agricoles dans la région de Hashtgerd (dans la banlieue de Karadj, à 4 kilomètres à l’ouest de Téhéran). L’un d’eux se trouve dans le village de Lashkar-Abad et l’autre dans le village de Ramandeh. Ils sont éloignés l’un de l’autre d’environ 5 kilomètres. Tous les deux seraient supervisés par le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne (OEAI) et opèrent sous couvert d’une compagnie civile servant de société-écran.
Le site de Lashkar-Abad est connu de la population locale sous le nom de «Verger présidentiel». Il fait 80 hectares de surface. La salle principale de ce site (50 x 30 mètres) est une copie miniaturisée du laboratoire de Natanz, qui possède 1 000 centrifugeuses, mais puisqu’elle est plus petite, elle compte deux fois moins de machines.
Le site de Ramandeh est construit sur un vaste terrain entouré d’un mur d’enceinte et des dizaines de gardes armés se relaient pour le protéger. A l’intérieur, plusieurs bâtiments d’apparence identique sont dispersés au milieu des vergers, de façon à rendre difficile la détection du bâtiment qui abrite le site nucléaire. Ces précautions laissent présager que Ramandeh est plus important que le site voisin de Lashkar-Abad. Il abriterait donc plus de 500 centrifugeuses.
Autant d’éléments qui expliquent peut-être les inquiétudes et les menaces de l’administration Bush envers l’Iran, ce «poste avancé de la tyrannie», selon Condoleezza Rice.
Le Figaro magazine, 29/01/2005.
Atmane Tazaghart et Roland Jacquard, journalistes et écrivains, spécialistes du Moyen-Orient, enquêtent depuis deux ans sur le programme nucléaire développé par Téhéran. Leurs informations sont issues de nombreux rapports confidentiels émanant de l’AIEA, de sources diplomatiques européennes et moyen-orientales, de cabinets d’expertise privés et de documents établis par des opposants iraniens.
Depuis février 2003, l’Iran donne l’impression de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en divulguant une partie de sa politique de développement nucléaire. Mais pour de nombreux spécialistes, cette apparente collaboration avec la communauté internationale ne serait en réalité qu’une stratégie destinée à dissimuler l’existence d’un autre programme ultrasecret.
Au coeur du nucléaire iranien, la centrale de Buchehr, sur le golfe Persique. Son existence a été révélée au début de l’année 2003 et elle a été presque aussitôt inspectée par l’AIEA, dont les agents ont été facilement accueillis par les autorités iraniennes.
Seulement : voilà, cette centrale qui attire l’attention des inspecteurs internationaux ne serait qu’une façade derrière laquelle se dissimulent d’autres sites dont les installations échappent aux enquêtes de l’AIEA.
«Les Iraniens —explique un expert— ont compris la leçon du raid israélien contre la centrale de Tammouz, en Irak, en 1981. Ils savent que leurs installations risquent elles aussi une “frappe chirurgicale”, et c’est la raison pour laquelle ils exhibent une “centrale officielle” qui concentre toutes les attentions. Mais c’est ailleurs que se développe leur véritable programme nucléaire.»
D’après notre enquête, ce programme repose essentiellement sur trois sites principaux :
— l’uranium est extrait d’une mine située à Saghand ;
— il est ensuite enrichi dans une autre installation ultrasecrète basée à Natanz ;
— l’«eau lourde» indispensable à l’enrichissement de l’uranium est produite à Arak (voir carte).
Le site de Natanz est camouflé sous l’apparence d’un projet de lutte contre le désert. Il est bâti sur un terrain de 11 000 hectares, et c’est un ingénieur à la réputation scientifique bien établie qui le dirige.
La mine d’extraction d’uranium est située à 40 kilomètres de la ville de Saghand, à mi-chemin entre les localités de Yezd et de Chador Mello. A gauche de la route reliant ces deux localités, un panneau indique d’ailleurs :«Mine d’uranium de Saghand». Selon nos informations, elle est placée sous la responsabilité d’un cadre éminent de l’organisation iranienne de l’énergie atomique.
A Arak, le site de production de «l’eau lourde» répond à un nom de code : «Projet Khandab». Sa construction a commencé en 1996 et s’est achevée en avril 2003.
Par ailleurs, le régime iranien a construit d’autres laboratoires nucléaires et sites d’enrichissement de l’uranium appelés «sites périphériques». Il s’agit de s’assurer que si un ou plusieurs des «sites principaux» sont découverts, mis sous contrôle ou même détruits par un raid, le programme pourra se poursuivre.
Parmi ces installations dites périphériques, deux sites implantés sur de vastes propriétés agricoles dans la région de Hashtgerd (dans la banlieue de Karadj, à 4 kilomètres à l’ouest de Téhéran). L’un d’eux se trouve dans le village de Lashkar-Abad et l’autre dans le village de Ramandeh. Ils sont éloignés l’un de l’autre d’environ 5 kilomètres. Tous les deux seraient supervisés par le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne (OEAI) et opèrent sous couvert d’une compagnie civile servant de société-écran.
Le site de Lashkar-Abad est connu de la population locale sous le nom de «Verger présidentiel». Il fait 80 hectares de surface. La salle principale de ce site (50 x 30 mètres) est une copie miniaturisée du laboratoire de Natanz, qui possède 1 000 centrifugeuses, mais puisqu’elle est plus petite, elle compte deux fois moins de machines.
Le site de Ramandeh est construit sur un vaste terrain entouré d’un mur d’enceinte et des dizaines de gardes armés se relaient pour le protéger. A l’intérieur, plusieurs bâtiments d’apparence identique sont dispersés au milieu des vergers, de façon à rendre difficile la détection du bâtiment qui abrite le site nucléaire. Ces précautions laissent présager que Ramandeh est plus important que le site voisin de Lashkar-Abad. Il abriterait donc plus de 500 centrifugeuses.
Autant d’éléments qui expliquent peut-être les inquiétudes et les menaces de l’administration Bush envers l’Iran, ce «poste avancé de la tyrannie», selon Condoleezza Rice.
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